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16 juillet 2020

Au coeur de la crise - Interview d’Antoine, TLM Hôpital Saint-Antoine, AP-HP

Dans le cadre de la sortie notre magazine, le TechLabo.com, nous avons interviewé plusieurs TLM impliqués dans la crise COVID-19.

Interview d’Antoine

Antoine 25 ans technicien en virologie Saint-Antoine habite à 1h de l’hôpital, premier poste.

Antoine, comment avez-vous pris connaissance du sujet qui nous concerne aujourd’hui, la prise en charge du COVID-19 ?

Au début, oui nous avons eu des informations, beaucoup d’informations. Ça a commencé très vite, personne ne s’y attendait. Enfin tout le monde a dû réagir rapidement, toute l’équipe, nous les techniciens, l’équipe médicale et l’encadrement. Tout de suite, tout le monde nous a tenu au courant de la marche à suivre et on a tous réagi immédiatement. Dans un premier temps des gardes ont été instaurées le samedi, la première semaine puis tous les jours dimanche compris. Les horaires se sont allongés dans un rythme effréné, pas de temps mort mais nous étions tous unis pour faire front.

Pour cette prise en charge rapide et immédiate, avez-vous eu à vous déplacer sur d’autre sites ?

Oh oui, au début tout était fait dans le laboratoire à Saint-Antoine mais quand a pu être fait à trousseau, même le pré-analytique disons, j’ai aidé, je suis allé à l’hôpital trousseau pour aider à faire cette étape pré-analytique qui maintenant se faisait chez eux.

Ce déplacement a duré combien de temps ?

Je suis resté à l’hôpital trousseau entre 3 et 4 semaines jusqu’à ce qui l’activité de Saint-Antoine exige que j’y revienne car la charge de travail devenait trop intense pour mes collègues restés sur place. A trousseau aussi j’ai effectué des gardes les samedi et dimanche.

Ce déplacement sur cet autre site de Trousseau n’a pas trop allongé votre temps de transport ?

Au niveau temps, j’ai eu le même trajet que pour venir à Saint-Antoine et la motivation était toujours là bien sûr.

Le principe de départ, c’était sous la base du volontariat ou imposé ?

J’ai été volontaire pour aller à Trousseau c’est pour ça que j’étais toujours motivé je suppose.

Comment avez-vous ressenti la charge de travail tant à Saint Antoine au début qu’à Trousseau après ?

Alors à Saint-Antoine au début c’était très très chargé par ce que l’organisation des laboratoires comment dire, comme il fallait changer de bâtiment, c’était un peu compliqué car le virus étant classé niveau 3 donc on devait le manipuler avec des conditions de sécurité drastiques. Le P3 ne se trouvait pas dans nos locaux habituels mais plutôt dans un autre bâtiment de l’hôpital, il fallait prendre ça aussi en compte. Il fallait changer de bâtiment dès que l’on voulait manipuler le virus pour la phase pré analytique jusqu’à ce que le virus soit détruit par lyse et que l’on puisse l’analyser par la suite.

Il fallait aussi gérer conjointement les coursiers qui arrivaient des autres sites vers Saint-Antoine mais surtout ceux qui partaient de Saint-Antoine vers Trousseau emmener tous ces prélèvements lysés vers trousseau puisque la PCR se faisait à Trousseau donc. Le vas-et- vient des coursiers privés ou institutionnels était permanent, on n’avait pas le temps de souffler. Tout ça c’était une organisation assez complexe, ça faisait partie également du poids du travail. C’était chargé mais on s’en est sorti.

Et comme par la suite le virus était déclassé au niveau 2, à Trousseau c’était beaucoup plus simple au niveau organisationnel car on a pu travailler le virus en P2 et donc c’était beaucoup plus pratique de travailler en P2, nettement moins de contraintes qu’à Saint-Antoine au P3.

L’organisation du travail étant plus simple, la charge de travail s’est trouvée allégée.

Vous nous expliquez avoir été aider à Trousseau et au regard de la charge de travail que vous décrivez à Saint-Antoine, avez-vous eu de l’aide ?

Ah oui, du coup à Saint-Antoine vue la charge de travail on a eu l’aide de 2 techniciennes qui faisaient partie de notre équipe au paravent et qui avaient de service et qui du coup, pour cette période, sont revenues nous aider aux techniques autre que la corona pour que nous puissions prendre en charge tous ces prélèvements.

A Trousseau, des techniciens d’horizon divers sont venus nous aider, ils étaient tous volontaires et motivés.

C’est important pour vous la cohésion de l’équipe surtout en pareil circonstance ?

La cohésion et la motivation vont de pair, s’il n’y a pas de cohésion les gens sont souvent pas motivés et comme ils étaient volontaires et contents d’être là tout le monde était contents de venir travailler et aider pour le Corona à Trousseau et nous avions une bonne émulation collective.

Les différents témoignage d’encouragement, de sympathie que vous avez vécu et obtenus ont ’ils été des éléments moteur aptes à booster votre action ?

Oh oui, je dirai que ça met un peu de baume au cœur, s’est plaisant mais pour moi personnellement mais je n’avais pas besoin de ça pour être motivé. Tous ces applaudissements, ces présents des entreprises, des cadeaux que l’on a pu avoir ça apporte quelque chose mais vraiment je ne pense qu’on n’avait pas besoin de tout ça pour être motivée.

Comment se comportaient vos proches, amis parents face à votre implication en sachant que vous étiez en première ligne ?

Plutôt fiers, ils étaient fiers de voir que j’aide au dépistage du corona virus. Ils n’étaient pas du tout inquiets, ça pourrait arriver je pense, mais ils n’étaient pas du tout inquiets, ils demandaient de mes nouvelles plus que d’habitude. Et non, je pense qu’ils étaient fiers, des fois ils nous plaignent un peu mais bon.

Diriez-vous qu’ils ont découvert votre métier ?

Ils ont posé un peu plus de questions mais non ils n’ont pas plus découvert que ça. Mes amis les plus proches connaissent déjà très bien mon métier puisqu’ils sont dans le milieu scientifique et ils ont faits des études semblables. Ils savent très bien comment ça se passe mais ma famille pas plus que d’habitude.