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Association Française des Techniciens de Laboratoire Médical (AFTLM)

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21 septembre 2020

Haut Conseil des Professions Paramédicales (HCPP) - Propos liminaire

Voici le texte lu aujourd’hui par José Tharsis, vice-président de notre association en propos liminaire lors du Haut Conseil des Professions Paramédicales (HCPP) :

Depuis le début de la pandémie, acteurs du système de santé, les laboratoires de biologie médicale sont en effervescence entre la mise au point des processus analytiques, la réorganisation des activités, l’accueil des patients...

Tous les professionnels y exerçant se sont engagés dans cette crise inédite. Par vos exercices respectifs ou bien par les médias vous êtes informés de la situation que nous rencontrons depuis quelques semaines.

La plénière du HCPP est aussi l’occasion de renforcer et d’illustrer cette information. D’une part quant à l’impact de la politique actuelle de dépistage massif de la Covid 19 sur le quotidien des laboratoires de Biologie Médicale. D’autre part de faire un focus sur la profession de Technicien de Laboratoire Médical.

Depuis l’annonce, faite par le Président de la République en juillet dernier, de la possibilité de réaliser des tests PCR Covid 19 sans ordonnance et gratuitement, les laboratoires de biologie médicale publics et privés subissent un afflux exponentiel de patients, sans arriver à contenir la demande. Les structures hospitalières et privées, en concertation avec les ARS, mettent à disposition du public des « Drive », des sites de prélèvements spécifiques au dépistage COVID, sur des lieux de rencontres stratégiques comme les marchés, les plages, les aéroports...

Aujourd’hui, nous sommes à saturation, entre cas symptomatiques, cas contacts, départs et retours de voyages, reprise du travail, rentrées des écoles, journées d’intégrations, protocoles chirurgicaux, protocoles hospitaliers, Ehpad... Notre réponse à toutes ces demandes reste encore possible mais pour combien de temps ?

Aujourd’hui ce ne sont pas nos organisations qui sont à remettre en question comme d’aucuns le laissent entendre. Les différents fournisseurs d’automates acquis pour faire face, pourtant très persuasifs à la vente, contingentent les réactifs pour la réalisation des PCR Covid. Sans cesse nous comptons et recomptons nos stocks, sans cesse nous ajustons nos processus. Dans une même journée et en fonction des livraisons il n’est pas rare d’alterner entre un, deux ou trois protocoles d’analyse. Cette situation de tension vient aussi impacter la réponse aux autres demandes d’examens. Les fabricants de réactifs ont délibérément réorientés leurs productions sur les réactifs utilisés pour la détection du SARS Cov2. Ils ont arrêtés ou réduits par exemple la production de kits permettant l’extraction d’ADN issue de tissu tumoral. Ils suppriment de leur gamme la détection d’agents pathogènes responsables de MST. Des consommables de base sont annoncés en livraison pour la semaine 4 de 2021...C’est une course folle qui s’engage chaque jour en cas de risque de rupture pour permettre aux échantillons d’être pris en charge. Quid des délais de réalisation ? Nous subissons une montée des incivilités au regard d’un délai de rendu des résultats pouvant s’allonger selon les circonstances.

Dans ce contexte les techniciens de laboratoire de biologie médicale ont su développer de nouvelles compétences, à la fois pré-analytiques (pratique des prélèvements nasopharyngés) et techniques (nouveaux automates s’accompagnant de nouveaux processus analytiques).

Chacun d’entre nous a été force de proposition pour faire évoluer les organisations, pour leur donner la plasticité nécessaire et permettre l’ajustement de nos capacités analytiques (par exemple flexibilité et articulation des temps de travail avec les flux). L’absence de ciblage et de priorisation des dépistages engendre une charge de travail qui impact la prise en charge des autres demandes d’examens.

Avant la pandémie, de nombreux postes étaient dépourvus de ressources humaines. Notre profession est en tension depuis plusieurs années. Aujourd’hui les compétences sont mobilisées par les plateformes et les autres activités en souffrent. Par exemple actuellement un CHU du sud de la France compte 15 postes de techniciens de laboratoire médical non pourvus dans des disciplines de première ligne permettant la prise en charge et l’orientation des patients passant par les services d’urgences. Cette situation devient chronique, notre profession souffre d’un manque d’attractivité, d’un décalage entre la représentation de l’exercice de la profession et la réalité de nos situations de travail.

Il est temps de lui donner l’attractivité attendue avec une formation en 3 ans, de niveau Licence et une reconnaissance financière adaptée. La réingénierie des diplômes de techniciens de laboratoire médicale est une promesse du Ségur de la Santé durant lequel le CNPTLM a été un acteur n’ayant été invité à aucune des réunions de travail. Cette réingénierie devait débuter dès le mois de septembre, mais à ce jour nous n’avons aucune nouvelle de la DGOS.

Traditionnellement peu gréviste la population des techniciens de laboratoire s’engage activement, depuis juin 2020, dans des mouvements de grève qui se multiplient dans le secteur privé, pouvant gagner le secteur public malgré des situations potentiellement différentes selon les lieux géographiques. Cette pandémie aura au moins permis, à celles et ceux qui en doutaient, de constater que les laboratoires de biologie médicale ont une place stratégique dans la prise en charge des patients. Les techniciens de ces laboratoires sont des soignants engagés".

Texte rédigé par Myriam Delvigne, Présidente du CNPTLM. Retrouvez l’intégralité de ce texte en pièce jointe.

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