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16 juillet 2020

Au coeur de la crise - Interview de Floriane, TLM Hôpital Saint-Antoine, AP-HP

Dans le cadre de la sortie notre magazine, le TechLabo.com, nous avons interviewé plusieurs TLM impliqués dans la crise COVID-19.

Interview de Floriane

Floriane, 33 ans, jeune mère de 2 enfants 1h30 de trajet aller-retour soit 3h par jour, métro, RER et mes petits pieds ça fait un petit bout, ce n’est pas négligeable.

Oui, j’ai travaillé pour aider car je ne connais rien à la virologie et avec tout ce qui était par rapport au COVID, j’ai voulu aider et du coup on m’a formé sur l’enregistrement et les premières manips donc voilà, c’était très intéressant, voilà voilà.

Avez-vous reçu des informations à ce sujet, et par qui ?

J’ai entendu, oui c’est surtout mon cadre qui m’a informée de la procédure sinon les biologistes pas tellement, j’ai su que par mon cadre en fait. En matière d’implication c’est ce que je disais, moi à la base je suis une technicienne d’auto immunité, je ne connais pas tellement la virologie mais je voulais aidé par ce que je me suis dit que si ça arrivait en Auto immunité mes collègues auraient besoin d’aide donc j’ai voulu être présente, j’ai voulu être active et en plus me former sur des nouvelles choses, apprendre plein de choses voilà enfin moi vraiment ça m’a apporté, j’ai trouvé ça très bien et puis le fait d’aider c’était surtout ça.

J’ai eu à me déplacer sur d’autres sites, j’ai été mise sur l’hôpital Trousseau. Donc voilà, avec une nouvelle équipe, un nouvel encadrement et j’ai trouvé ça très bien.

Vous étiez donc dans l’inconnu aussi bien au niveau de la discipline que des collègues et du COVID bien sûr puisque personne n’en savait rien ?

Oui tout, l’inconnu complet et j’ai tout appris sur le tas et c’était encore une fois une super expérience.

Comment avez-vous ressenti la charge de travail dans les laboratoires de virologie à ce moment là puisque vous me disiez avoir été dans un premier temps formée à Saint-Antoine pour une prise de poste à l’hôpital Trousseau par la suite ?

Intense, très intense sur les 2 sites. Déjà moi je n’avais pas de base donc à apprendre. Il y avait énormément de prélèvements et puis des collègues très actifs, enfin on avait des journées très chargées, voilà je ressens ça, 20 minutes pour manger, on n’a pas arrêté, c’était intense.

Si c’était une expérience à refaire, vous seriez prête à la refaire ?

Oui, oui, bien sûr, complètement. Je trouve que c’est très important d’aider, oui oui, je referais sans hésiter.

Et l’émulation avec les collègues, les nouveaux collègues puisque se sont de nouveaux collègues, ça s’est bien passé, l’esprit d’équipe qu’en était-il ?

Super esprit d’équipe, je me suis même fait de nouvelles amies, j’ai des contacts maintenant à l’extérieur, donc ça s’est très bien passé vraiment super, que du positif.

Aviez-vous reçu de l’aide d’autres services ou d’autres sites lors de cette prise en charge ?

Oui, il y avait des collègues de Tenon, de Saint Antoine, de Virologie et d’autres disciplines comme pour moi, c’était d’un peu partout, il y avait pas mal d’aide quand même et puis il y d’autres personnes qui n’ont pas été formées et qui voulaient bien être formées et aider par exemple en cytologie à saint Antoine. Je pense qu’il y a eu beaucoup d’entraide. Envie d’aider, envie d’avancer dans cette maladie aussi, enfin voilà, c’est vrai qu’on est un peu parti dans l’inconnu, on ne savait pas trop et je trouve que s’était important de s’investir par rapport à la maladie, par rapport à nos collègues, par rapport aux patients derrière, moi je me dis toujours que ça peut-être mes grands-parents, il faut toujours être là pour les gens derrière aussi, c’est mon point de vue en tous cas.

Cette aide venue de vos collègues, comment l’avez-vous perçue ?

Déjà j’ai vu que j’étais complétement novice, vraiment je ne connaissais rien en virologie, je trouve que l’on m’a formé très rapidement, correctement et j’ai trouvé des gens très patients, très calmes et qui aimaient leur discipline. Tout de suite ils m’ont incorporé avec eux, j’ai trouvé que c’était vraiment une formation appliquée et correcte, c’était vraiment bien. Je me suis sentie tout de suite à l’aise.

Les différents témoignages que les soignants ont eus, je citerai les applaudissements, les petits cadeaux offerts…est-ce que tout ça a contribué à booster quelque chose chez vous ?

Oui, j’ai trouvé ça très bien, franchement j’ai trouvé ça important, par exemple chez moi personne n’applaudissait, je trouvais ça un peu dommage.

Quand vous dite chez vous c’est au niveau de votre domicile ?

Oui dans mon quartier, personne n’applaudissait. A l’hôpital on a eu des cadeaux, beaucoup de présents, je trouve que ça donne un peu du baume au cœur et donne envie de continuer encore plus, c’est agréable, c’est bien on se sent un peu plus reconnu…il faut applaudir les soignants.

Et au niveau de vos proches, parents, amis, comment se comportaient-il vis-à-vis de vous ?

Par contre ils m’ont idolâtré, c’est un mot un peu fort, oui ils m’ont appelé tous les jours et ils avaient un côté inquiet mais un côté plutôt fier que je participe à tout ça, c’était plutôt agréable. Même les amis, le regarde change car au début, technicien de laboratoire ça ne leur parle pas forcément et après quand j’explique ce que je faisais ils avaient un autre regard je trouve, je trouve que les regards ont changé par rapport à ma profession en tous cas.

Vous déclariez en introduction être jeune mère de 2 enfants, quelle a été leur réaction envers vous ?

Alors, le début a été compliqué par ce que j’étais moins présente à la maison et du coup c’est mon conjoint qui a pris un peu le relai, en fait on a un peu échangé nos rôles, donc voilà. Mais bon après ça s’est fait naturellement en accord avec mon conjoint, je lui ai dit que l’on avait besoin de moi à l’hôpital donc ça s’est fait naturellement. Les petites ont compris, je leur ai vraiment expliqué, j’ai mis les mots, je leur ai fait même des dessins, on a vraiment beaucoup parlé, communiqué é, c’est important et elles ont compris, elles étaient fières, très fières de leur mère, elles me font toujours de très beaux dessins avec des piqures, des malades, des tubes de sang, je pense qu’elles ont bien compris, pourtant elles n’ont que 6 ans et 3 ans mais elles sont très fières, tous les jours elles m’ont applaudi à 20h elles par contre.