Accueil > Actualités > A la une > Les TLM ont la parole ! Sophie, TLM en aquitaine
Évolution du métier de TLM en site péri-analytique de LBM
Sophie, TLM en bactério/spermio/myco/parasito, dans un petit labo privé depuis une quinzaine d’années.
C’est un petit laboratoire indépendant composé de 7 sites, avec 2 plateaux techniques.
Il n’existait pas de site purement pré-analytique : des analyses étaient réalisées sur chaque site. En vue de l’accréditation et pour rationaliser l’activité, 5 sites sont maintenant purement du pré-analytique.
Que les sites soient ceux des plateaux techniques ou non, ce sont aussi bien les IDE du labo que les TLM ou les bio qui réalisent les prélèvements, selon des postes de travail définis. Il y a une bonne coopération puisqu’en cas de forte affluence de patientèle, les TLM ou les bios présents peuvent interrompre leur activité d’analyse afin d’aider aux prélèvements (le contraire n’est pas possible !). Nous travaillons aussi avec des cliniques privées : les IDE et les TLM y réalisent également les prélèvements.
En revanche, seules les personnes habilitées peuvent aller prélever en clinique. Les TLM, IDE et parfois même les bios s’occupent également de "déballer" tous les prélèvements réalisés par les IDE à domicile qui sont, soit directement apportés par les IDE aux accueils des labo, soit transitent par les pharmacies ou cabinets médicaux et paramédicaux du département. Concernant ces IDE "extérieures" au labo (et les pharmacies et cabinets), des conventions sont établies : il faut toujours être "au top" pour qu’ils n’aillent pas voir la concurrence.
La démarche qualité prend de plus en plus de place. L’automatisation touche tous les domaines : je suis en bactériologie/spermiologie : les automates s’y développent également beaucoup. Les "anciens" techniciens se sentent dépassés par tout cela, de même que par l’informatique qui est omniprésente. Nous finirons par être juste des techniciens de maintenance d’automate. Par exemple, nous sommes en démarche d’accréditation pour la spermiologie, domaine hautement manuel encore et je trouve que cela va très loin et s’éloigne beaucoup du "médical" : l’intérêt de tout cloisonner pour tout maîtriser prend des proportions qui me semblent éloignées du but des analyses de ce domaine en ce qui concerne la PMA. Pour la bactério/myco/parasito, il est également bien difficile de rester dans les "cases" établies par les recommandations tant le domaine dépend du vivant et l’interprétation d’une analyse varie d’un cas à un autre.
Il faut bien sûr respecter les normes pour rendre les résultats les plus justes, mais tout cela est très énergivore : on passe plus de temps à prouver que l’on a bien respecté les procédures qu’à faire les analyses elles-mêmes.
Les patients ne se rendent pas compte de notre rôle puisqu’ils ne nous côtoient que lors des prélèvements. Très peu se posent des questions sur leurs analyses (ils passent du prélèvement directement aux résultats : les délais peuvent parfois les étonner !). Par exemple, en spermio, nous sommes le seul labo du département à réaliser ce genre d’analyse. Les démarches de PMA (ainsi que les vasectomies !) augmentent, et les délais pour les rendez-vous s’allongent... Les patients sont parfois mécontents alors que pour prendre un rendez-vous avec un spécialiste (dermato, dentiste, ophtalmo...) ils ne sont pas étonnés de devoir attendre 6 mois ! (nos délais sont bien moins longs !!).
A l’inverse, parfois certains nous prennent pour des biologistes et nous demandent d’interpréter leurs résultats !
Nous sommes les plus nombreux vis-à-vis des autres fonctions mais nous sommes les plus polyvalents puisqu’il nous arrive de faire secrétaire, IDE, aide-labo... Pas encore biologiste mais qui sait...
Entre collègues je ne suis pas très objective car dans mon service cela se passe plutôt bien, il existe une forte coopération et une bonne entraide entre nous mais je sais que c’est loin d’être le cas dans les autres services...
Financièrement ? Je pense que la reconnaissance n’est pas suffisante vu le rythme auquel on doit travailler. Nous dégageons régulièrement des heures supplémentaires qui nous sont bien sûr payées mais qui nous sont reprochées !
"Pourquoi avez-vous fait tant d’heures", "La prochaine fois, vous ne dépassez pas 2 heures supplémentaires"... Mais nous n’y sommes pour rien si l’activité est totalement fluctuante, si des dossiers sont plus compliqués et plus long à traiter que d’autres : la journée de travail n’est pas extensible mais il faudrait avoir tout traité tous les jours avec le même temps !!! Et en plus s’occuper de la démarche qualité quand on a 5 minutes par-ci par-là ! Impossible ! Cela nous met une pression très désagréable qui nous donne un sentiment de non-reconnaissance. Alors quand on demande une augmentation de salaire et qu’elle n’est pas acceptée, bien sûr qu’on se sent mal considéré !!
Déjà une meilleure reconnaissance de notre investissement par le patronat. Une hausse de la grille dans la convention collective serait bien, car la balance "responsabilité-niveau de diplôme-rémunération" est déséquilibrée. Moins de pression pour tout faire dans les temps ! Du temps pour faire les choses bien et sereinement (ne pas se dépêcher tout le temps pour faire les analyses, du temps réellement consacré à la démarche qualité). On se sentirait plus reconnu.
Il n’y a pas de routine. On en apprend tous les jours. Je me sens utile pour les autres (patients ou collègues). Je travaille dans des domaines qui m’intéressent et je ne me sens pas (encore) comme un agent de maintenance. Le travail encore assez manuel que je fais m’intéresse plus que de travailler sur des automates ! De plus, nous travaillons dans une bonne ambiance et avec bienveillance et entre-aide : espérons que cela dure encore longtemps car cela dépend beaucoup des personnes et de la pression hiérarchique.
Il serait temps car avec tous les domaines en analyses médicales et toutes les démarches d’accréditation, il y a beaucoup de choses que les jeunes diplômés découvrent en travaillant dans un labo. Par exemple, la bactério je me souviens que nous n’en n’avions pas vu beaucoup à l’IUT ; la spermio : quasi inexistante ; la mycologie/parasitologie : je l’ai vraiment découvert au labo et lors de formations externes. Il y a beaucoup de choses à voir et à apprendre ! Ce serait également intéressant pour pouvoir travailler à l’étranger. Le travail fait sur trois ans serait aussi peut-être moins condensé !
Oui j’ai pu faire plusieurs formations depuis que je travaille : tous les ans, au moins un technicien de mon service par en formation : il y a tellement de domaines !! (bactério = différents types de prélèvements, d’analyses, d’automates, d’interprétations ; spermio ; parasito ; myco...).
A mes débuts (il y a bientôt 16 ans !) la profession à deux vitesses commençait déjà à exister avec les regroupements de labo et la formation de plateaux techniques. Les TLM hospitaliers continueront-ils à être plus spécialisés ? Pas sûr.
Avec les gros regroupement à quoi bon avoir un diplôme en analyses biologiques si c’est pour ne faire que des prélèvements ou bien que de la maintenance ?
Pousser des tubes sur une chaîne : moi cela ne m’intéresse pas. Si je devais changer de domaine et ne faire que des prélèvements ou que de la chaîne : j’y réfléchirais à deux fois avant ! Moi j’aime les domaines dans lesquels je travaille actuellement.
Tant que les patients ne nous connaîtront pas plus, nous resteront un métier de l’ombre. Il faudrait aussi qu’on entende plus parler des biologistes, je pense que les patients ne savent pas trop non plus quel est leur métier ! Il faudrait des reportages à la télévision ou à la radio par exemple !
Pour les jeunes, il faudrait que l’on parle aussi plus de ce genre de métier au cours des études secondaires. Par exemple, je n’ai découvert la microbiologie (tu sais, le domaine que je préfère !) qu’à l’IUT ! Alors qu’au lycée on fait déjà un peu d’expérience de chimie (pas beaucoup dans le domaine médical non plus !), physique...
Une de mes collègues m’a dit que quand elle a rencontré la conseillère d’orientation du lycée et qu’elle lui a dit vouloir travailler dans le médical, elle lui a proposé médecin ou IDE. Il y a beaucoup d’autres métiers (manip radio, aide-soignant...).
On peut aussi demander aux productions de séries TV d’être plus réalistes dans ce domaine et d’arrêter de faire croire que ce sont les médecins qui font eux-mêmes les analyses en quelques heures !! A quand une série sur un laboratoire d’analyses médicales !!